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L'Hypnose pour redonner le sourire au chirurgien-dentiste et à ses patients

Transes-formation (article "Transes" d'octobre 2019)


Docteur en chirurgie dentaire à Nancy, Pascale Reynette est hypnopraticienne et formatrice en hypnose pour l'institut UTHyL.

"Les patients ont peur d'aller chez le dentiste. Un sondage réalisé pour l'Association Dentaire Française en 2017 révèle que 30% des patients interrogés avouent avoir peur d'aller chez le dentiste. Plus d'un chirurgien-dentiste sur trois est en burn-out. C'est ce que révèle une enquête du Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes en 2018, un résultat alarmant.

Discipline de plus en plus pratiquée dans le domaine médical, l'hypnose est devenue un outil qui facilite le travail au fauteuil. Intégrer l'hypnose au cabinet dentaire, c'est apaiser nos patients mais aussi, par effet rebond, notre propre exercice.

L'utilisation de l'hypnose n'est pas un acte facturé. Par conséquent il est sans rentabilité financière directe et son introduction dans un exercice libéral fait souvent craindre la perte de temps, et par conséquent une nuisance à la bonne gestion économique de la structure. Et pourtant! Alors, comment bien l'intégrer?

Je pratique régulièrement l'hypnose au cabinet dentaire depuis quelques années et je dois dire que je ne pensais pas redonner un tel sourire à mes patients! Quant à moi, quel bonheur! Quel confort de travail, lorsque je peux programmer de longues séances, où je peux exercer mon art sans être interrompue par des "je peux me rincer?" ou "il y en a encore pour longtemps?", "je crois que ça commence à se réveiller"... Plus de toux nerveuse, ni de réflexe nauséeux, plus besoin de refermer la bouche pour relâcher les articulations temporo-mandibulaires.

Non, chers confrères vous n'êtes pas dans un rêve, ni dans un bloc opératoire, il s'agit simplement d'un travail où l'on utilise l'hypnose. Autant dire que tout ce confort précité représente un tel gain de temps qu'il compense largement les quelques minutes préalables d'accompagnement du patient."


Le docteur Reynette nous raconte les cas particulier d'Eleonore, 5 ans:


"Eléonore est une petite patiente qui ne se laisse plus soigner. Sa maman, sage-femme, elle même très angoissée à l'idée de reprendre ses soins dentaires m'explique que la marraine d'Eléonore est chirurgien-dentiste, qu'elle a débuté les soins mais a dû les interrompre en raison du manque de collaboration de l'enfant. Elle l'a adressé à une pédodontiste qui a dû à son tour interrompre les soins. Or Eléonore a besoin de deux soins sous anesthésie locale (dévitalisations de dents de lait) et deux autres soins, moins conséquents. Elle arrive en pleurs et me dit de ne pas vouloir le "gratte-gratte" (la fraise).

Après discussion, j'invite la maman à s'installer confortablement en salle d'attente et Eléonore à venir avec moi soigner son doudou. Cette première séance vise à réinstaurer la confiance. On discute de sa peur (la reconnaître et en parler sécurise l'enfant). Je lui dis que c'est normal d'avoir peur de ce que l'on ne connait pas. Alors, on rit, on chante, on soigne Doudou, on parle ensuite de ces passions en dehors de l'école. Puis j'interviens dans la bouche d'Eléonore en réalisant un petit soin et en chantant ces chansons préférées tout en me trompant de paroles pour créer de la confusion. Elle corrige, on rigole toutes les deux et le petit soin est réalisé tant bien que mal. Je suis épuisée, mais nous devons reprendre rendez vous pour les plus gros soins sous anesthésie et Eléonore insiste bien sur le fait qu'elle ne veut plus le "gratte-gratte" (outil évidemment indispensable pour moi!). Il va falloir négocier! Je lui explique que lorsqu'elle dessine et moi quand je la soigne, j'utilise mon "gratte-gratte"... Lors de sa seconde visite au cabinet, pendant qu'Eléonore pleure devant sa maman, j'attache une ficelle imaginaire autour de son poignet avec un ballon volant et je lui demande de quelle couleur est la ficelle: "Elle est rose"...Eléonore ne pleure plus! J'invite la maman à regagner la salle d'attente et je garde Eléonore et son ballon! Je lui demande ce qu'elle aime faire comme activité à la maison. Elle choisit la pâte à modeler. Alors on décide de faire une tarte aux framboises pendant que je travaille. Je l'allonge et ses deux petites mains s'activent pour confectionner les framboises, que l'on compte à chaque fois qu'elle en termine une, pendant que je travaille sans encombre. Le soin se termine et elle rit encore en me disant "j'adoooooooore ton gratte-gratte" Je n'en demandais pas tant!

Tous les soins ont ainsi été réalisés. Je l'ai revu récemment, -une petite résine était à refaire- elle m'a dit: "Je vais avoir 6 ans, mais on peut refaire comme quand j'avais 5 ans?"


A chaque patient la séance est différente, mais à chaque fois je suis ébahie par la joie des patients en sortant de l'état d'hypnose, par leur reconnaissance qu'ils expriment. Ce type d'exercice permet de créer de véritables alliances thérapeutiques, ce qui au fond, est bien plus fort que la simple confiance."


A vous de jouer!

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